Communiqué de Collectifs et d’Associations d’Egyptiens en France
dont Voix d’Egypte,
MARED France, El Dostour France, Tamarrod France, Association des jeunes
égyptiens du 25 janvier de paris et Association
jeunesse du 25 janvier France
Au vu de l’actualité tragique que l’Egypte traverse, les signataires,
égyptiens de toutes tendances religieuses et politiques tiennent à apporter
leur éclairage de la situation.
Ils souhaitent tout
d’abord rappeler leur attachement et leur respect indéfectible de la vie humaine. La violence en soi n’est jamais
une solution.
Conscients que toutes les solutions pacifiques
avaient été recherchées dans la résolution du conflit avec les adeptes des
Frères Musulmans,
Conscients que les Frères Musulmans avaient
sciemment rejeté toute médiation et toute proposition de résolution présentée
par le gouvernement intérimaire du Président Adly Mansour.
Conscients que le peuple égyptien dans sa très
large majorité au travers de la campagne citoyenne de Tamarrod, avait retiré sa
confiance au régime des Frères Musulmans,
Conscients que l’armée égyptienne, au sein
d’un état civil, non religieux et non militaire, est par définition garante de
la sécurité de l’Etat, et que la police est pour sa part garante de l’ordre, et
qu’ils avaient été mandatés par une très large majorité d’égyptiens pour
démanteler les sit-in armés des Frères Musulmans en plein centre du Caire,
Conscients de la difficulté à résoudre une
situation d’insubordination civile armée, où que ce soit dans le monde,
Les signataires souhaitent apporter leur soutien à
l’Etat égyptien et à son gouvernement intérimaire civil pour que justice, paix
et ordre civique soient restaurés au plus vite en Egypte.
Le prix à payer est sans aucun doute très élevé. L’Egypte restera
vigilante sur les actions menées de sorte que les moyens entrepris respectent
la loi et minimisent au possible les pertes humaines.
Les signataires regrettent
le traitement pour le moins biaisé de l’actualité égyptienne par les médias et les
réactions non moins regrettables de certains Etats, dont la France, qui par ailleurs assurent combattre l’extrémisme
religieux et le fanatisme armé.
Faut-il rappeler que l’Egypte, pays souverain,
n’a demandé aucune aide extérieure, ni ne souhaite aucune intervention dans ses
affaires internes concernant la résolution de ce conflit ?
Faut-il rappeler que si 13,2 millions
d’électeurs ont élu M. Morsi en tant que Président de la République en juin
2012, plus de 22 millions de signataires de la campagne Tamarrod ont retiré
leur confiance au régime et près de 30 millions de personnes ont pacifiquement
défilé dans les rues d’Egypte le 30 juin 2013 pour réclamer le départ du régime
Morsi ? Tout comme des millions
avaient voté pour M. Morsi, des millions lui ont retiré son mandat, dans une
opposition populaire pacifique et organisée, visant à l’instauration d’un
régime civil démocratique avec une feuille d’avenir définie.
Faut-il rappeler que ce que certains
qualifient de ‘régime démocratiquement élu’ avait en fait accaparé le pouvoir
législatif, exécutif, les institutions, et se préparait à investir également la
justice ?
Faut-il rappeler qu’il a fait passer une
Constitution ne représentant pas l’ensemble du tissu social et religieux du
pays, malgré la démission d’une large partie de la Constituante chargée de
rédiger cette même Constitution ?
Faut-il rappeler qu’il a laissé s’installer
sur le sol national, dans le Sinaï, des groupements armés étrangers totalement
incontrôlés et qui menaçaient l’intégrité territoriale, la sécurité et la
souveraineté de l’Egypte ?
Faut-il rappeler qu’il a laissé faire toutes
sortes d’exactions à l’encontre des minorités religieuses, coptes comme
musulmanes, sans même condamner ou poursuivre en justice les meurtriers,
incendiaires et responsables de l’incitation à la haine ?
Faut-il rappeler qu’en ce moment même plus de
soixante églises, écoles, dispensaires, sans parler de musées, postes de
police, bâtiments officiels sont incendiés par les tenants des Frères
Musulmans ?
Faut-il rappeler que dans le campement de
Rabia El Adaweyya des enfants étaient sciemment utilisés en boucliers humains,
qu’on les a fait défiler portant leurs linceuls en signe de volonté de martyre
et que malgré l’imminence de la dispersion par la police les leaders de ce
mouvement criminel ont refusé les appels de la police à évacuer femmes, enfants
et vieillards, préférant les exposer à une mort que tout le monde redoutait
pour eux ?
Faut-il rappeler que forts de l’expérience du
25 janvier 2011 et de ses drames successifs, personne en Egypte, y compris les
leaders des Frères Musulmans, ne pouvait ignorer le potentiel de larges pertes
humaines en cas d’intervention de l’armée, et que malgré cela les leaders de la
Confrérie ont toléré des armes dans un sit-in dit ‘pacifique’ et en ont refusé
la dispersion ?
Faut-il rappeler que la Confrérie des Frères
Musulmans est connue pour ses visées expansionnistes ? qu’elle ne
s’intéresse pas uniquement à l’Egypte ? qu’elle a un objectif
trans-étatique, et que c’est pour cela qu’elle est aujourd’hui prête à tout
pour maintenir son pouvoir, au prix de milliers de vies humaines égyptiennes,
et au mépris de toute règle d’humanité ou de sagesse ?
Le régime des Frères Musulmans n’a fait qu’attiser la
haine, et en réponse, il a focalisé contre lui la haine de tout un peuple,
situation qui menaçait à tout moment de se transformer en guerre civile.
Toute solution négociée avait été refusée par les Frères Musulmans. Le
seul choix qui s’impose, pour éviter que le peuple égyptien ne descende
lui-même en découdre dans les rues contre ceux qu’il qualifie de terroristes
est de confier aux forces de l’ordre, dont c’est le métier, le maintien de
l’ordre.
L’Egypte est actuellement dans un processus révolutionnaire visant à
l’instauration de la démocratie. La démocratie n’est pas un simple label que
l’on appose au bas d’une page, elle s’arrache, elle se gagne, et c’est ce que
l’Egypte vise à faire, malgré les difficultés et malgré la tragique actualité.
Les signataires appellent tous les protagonistes à revenir à la raison.
Les signataires appellent les Frères Musulmans à immédiatement cesser
leurs actions violentes.
Les signataires appellent la police à exercer son métier et à protéger
les civils, les lieux de culte, les sites archéologiques et historiques, les
bâtiments officiels et les biens des personnes.
Les signataires appellent l’armée, qui est au service du peuple, à
soutenir la police dans sa mission de pacification, en veillant à minimiser les
pertes. Armée et police doivent défendre le peuple d’Egypte et prendre toute
action nécessaire à l’encontre de ceux qui portent des armes face à lui.
Les signataires appellent la justice à exercer son ministère et à
poursuivre tous ceux, dans quelque camp qu’ils soient, responsables
d’exactions, de pertes de vies humaines, de dégradations ou d’incitation à la
haine.
En cette période fondatrice de l’Etat de droit et de
la démocratie en Egypte, les signataires se rangent derrière l’Etat égyptien et son
Président Adly Mansour, confiants que l’Egypte millénaire, dans sa grande
sagesse, traversera l’épreuve et triomphera de l’adversité.